Ca manquait un peu de sel …
Aux abords de la marina, ça grouille déjà pas mal plus : spectateurs sur la rive, bateaux et autres engins motorisés un peu dans tous les sens, haut-parleurs des commentateurs, etc. et le vent, de face puisque nous naviguons vers l’ouest, commence à se faire sentir.
Les vagues grossissent, je trouve P. un peu loin sous mon vent, mais je ne réalise pas qu’il a quelque difficulté à maintenir son bateau sur le cap que j’ai pris (quelle drôle d’idée aussi de choisir justement ce jour-là pour faire le nettoyage du plan d’eau et ramasser avec sa dérive toutes les cochonneries qui traînent …) M’ayant enfin rejoint, mon petit camarade me propose sur un ton plaisant de faire un test de récupération : « Un, deux, trois, Go ! » Ben non ! Sans façon … D’ailleurs, moi j’y vais quand je veux, Na ! Et c’est comme ça qu’un petit quart d’heure plus tard … « Mmmeeeerrrrdddd … » Glou, glou, glou. Eh bien oui, j’y suis … mais j’ai pas trop envie d’y rester. D’accord, elle est très bonne mais quand même un peu … agitée, disons … il reste encore plus de la moitié du chemin à faire et puis le vent ne pousse pas vraiment dans la bonne direction … Les récents entraînements prennent là toute leur valeur : quelques mots échangés, et chacun de nous sait ce qu’il doit faire ; un premier essai … qui foire (mon kayak se retourne de nouveau avant que j’ai le temps d’entrer dedans), mais le deuxième est le bon. Le temps de pomper le plus d’eau possible, de remettre ma jupe et nous revoilà en route. Je mets quand même un certain moment à me décrisper, d’autant plus que l’eau restée dans mon bateau le déstabilise à chaque vague … et des vagues il y en a plutôt plus – et des plus grosses – qu’avant … « Nnnnoooonnnn ! » Eh ben, non ! Cette fois-ci, je n’y suis pas allée, mais ça n’est quand même pas passé loin ! Mes appuis se font plus efficaces au fur et à mesure que les automatismes s’installent … mais je réclame une pause pour m’alimenter un peu. Pas facile de venir au contact dans ces vagues pour former un « radeau » mais mon bateau souple, avec son boudin gonflé de chaque côté, facilite bien les choses. Mes carrés aux dattes faits maison sont passablement en bouillie, mais ça cale bien l’estomac tout en étant plein de calories. P. veut absolument que j’essaie sa potion magique, le « Power Gel » (avec un nom pareil, je me demande bien dans quel type de boutique il trouve ça, et pour quel genre de sport c’est recommandé … je ne vous ai rien dit, hein ?) ; je manque lui recracher le truc à la figure tellement c’est dégueulasse : sirupeux, gluant, sucré, goût chimique, berk ! Bon, c’est pas tout, mais il faudrait voir à ne pas trop traîner en route ! Il reste encore … 15 kms. Enfer et damnation ! Je commence à sentir la fatigue dans les épaules, ces vagues qui n’arrêtent pas et, en plus d’en avoir de côté, il y en a maintenant de 3/4 arrière, et ce bateau qui penche à gauche, puis à droite, puis de nouveau … La distance restant à parcourir diminue lentement, trop lentement à mon gré, sur le cadran du GPS ; mais le cap et l’heure prévue d’arrivée ne varient pas, donc notre progression reste constante. « On se fait une pause aux 7 kms, c’est un chiffre qu’on aime bien ? » Allusion à notre virée autour de la Pointe-Taillon il y a tout juste 2 semaines : 35 kilomètres, mais sur un lac bien calme … Je scrute le GPS pour annoncer la dernière pause … Et c’est reparti pour le dernier tronçon. Ce n’est qu’arrivés à l’abri – tout relatif – de Pointe Bleue que nous pouvons un peu relâcher notre garde : le vent souffle toujours autant, mais l’eau devient – un peu – plus plate. On voit bien Roberval, et nous cherchons des yeux l’entrée de la marina… Petite séance photo avant de franchir les brises-lames …
… et nous voilà les premiers dans la marina, face à la foule des spectateurs qui attend l’arrivée … des nageurs.Pour les sceptiques qui pensaient que nous visions « trop à droite », voilà notre trajet exact enregistré par le GPS ; difficile de faire une route plus directe ! Le cap suivi a bel et bien permis de compenser la dérive due au vent et aux vagues ; et ceux qui ont visé Roberval direct ont du faire un bel arc de cercle … et de la route en plus.
Il y a quand même une chose qui me perturbe : toutes les fois où je me suis fait br… et rincer comme ça, l’eau avait du goût ! Je crois que je vais réclamer un peu de sel pour l’année prochaine … D’autres sorties en région Saguenay – Lac St Jean …