« Vous portez votre nourriture pour neuf jours ?… » (1/2)


Petit village aveyronnais

« … vous pensez ne pas trouver à manger dans nos villages ! »
Eh oui, cher Monsieur ! J’aurais pu vous répondre ce qui suit.

1er épisode : Où trouver de quoi manger ?

D’abord, pour ceux qui ne seraient pas habitués des GR (autrement dit chemins de grande randonnée), ceux-ci n’ont généralement pas pour vocation d’emprunter le macadam qui relie habituellement entre eux les endroits un tant soit peu habités ; ils préfèrent sillonner les routes forestières, chemins agricoles et autres sentiers qui ne desservent pas vraiment les villages.
De temps à autre, tout de même, il leur arrive de passer par un groupe d’habitations un peu conséquent.
De là à dire que vous y trouverez un quelconque commerçant, de préférence un magasin d’alimentation ou une boulangerie … Il est bien connu que le commerce rural n’est pas en période d’expansion et que les habitants du crû se fournissent de plus en plus fréquemment auprès du super-marché local, à prix d’une petite demi-heure de voiture. Quant aux lieux touristiques, ils sont plus enclins à proposer à leurs visiteurs restaurants, boutiques de souvenirs et autres cafés que des commerces dits de proximité (qui intéressent fort peu le touriste).
Pour la démonstration, nous admettrons que vous avez quand même déniché l’épicerie dont vous rêviez. Et qui vous dit, d’abord, qu’elle est ouverte ? Avez-vous compté avec la « saison », cette période aux dates complètement floues et imprévisibles (du moins pour celui qui débarque !) , qui chamboule systématiquement les dates et horaires d’ouverture ? Entre novembre et avril, en tout cas, n’escomptez pas de miracle.
Et, en admettant encore (ça finit par faire vraiment beaucoup d’hypothèses) que vous soyez dans la période requise, êtes-vous sûr que ce n’est pas aujourd’hui lundi – jour traditionnel de fermeture, mercredi – jour des enfants, vendredi – RTT (?) ou dimanche – jour du Seigneur … ou tout autre jour correspondant à la « journée hebdomadaire de fermeture » ?
Nous sommes bien mardi, jour habituel d’ouverture … il est 12h40 … la porte reste obstinément fermée … cherchez l’erreur : l’écriteau dit « réouverture à 16h » !
Vous n’avez plus qu’à faire une – très – longue pause déjeuner, et c’est votre kilométrage quotidien va en prendre un sacré coup … ou pousser jusqu’au prochain village ! D’après votre carte … vous devriez l’atteindre à peu près dans deux jours.

Prochain épisode : « L’épicerie est ouverte, que vais-je y trouver ? »

La vie en rose


St Cyprien s/Dourdou

En Aveyron, il y a plein d’endroits où la terre est rose, les pierres et les maisons sont roses… Même certaines petites dames qui promènent leur chien en laisse ont une chevelure dont la teinte tire franchement sur le rose, mais, dans leur cas, je doute que ladite couleur soit d’origine naturelle !

C’était pas prévu, mais il a fallu faire avec !


Paysage aveyronnais

Par ordre chronologique d’apparition :

  • la fermeture de l’unique pantalon qui donne des signes évidents de faiblesse dès le voyage en train ; en la traitant avec douceur et circonspection – et en diminuant la tension due à mon « embonpoint » – j’ai réussi à rester décente jusqu’au retour.
  • la belle éraflo-déchirure du hamac au cours de la première nuit : je m’étais « pendue » dans un bois mal débroussaillé, et un tronçon de branche agressif a chatouillé un endroit stratégique à chacun de mes mouvements ; mes tentatives de consolidation au pseudo-Elastoplast sont restées sans succès, mais la soie parachute (sans jeu de mots) a résisté envers et contre tout. Je ne vais quand même pas trop tarder à me procurer un autre hamac chez Nature et Découvertes : à 22 euros, je ne vais pas lésiner.
  • le matelas auto-dégonflable : la première nuit, j’ai cru que j’ai mal vissé la valve ; à l’issue de la deuxième, il m’a fallu me rendre à l’évidence : le matelas tout neuf que venait de m’expédier le fournisseur des Etats-Unis avait le même problème que le précédent, qui m’avait quand même donné plusieurs semaines de fonctionnement normal. Là, il a fallu improviser, et utiliser toutes les ressources disponibles pour assurer l’isolation « du dessous » (note pour ceux qui n’ont pas vu mon sac de couchage : il est prévu pour « fonctionner » avec le matelas, et n’est isolé que dessus !) : matelas dégonflé + tapis de sol en Tyvek + polaires, etc.
  • la gourde-pipette déssoudée à partir du troisième jour : les gourdes Platypus « garantie à vie » que je passe mon temps à remplacer commencent à me g… J’ai mis une de mes autres gourdes à la place, mais ça fuyait goutte à goutte au raccord de la pipette, alors j’ai mis un sac plastique autour … qui s’est révélé percé. Ca a mouillé tout le bas du sac, au fond duquel se trouvait bien évidemment … le sac de couchage, bien protégé dans un sac plastique … qui s’est révélé lui aussi percé ! Enfin, là, je vous donne la version abrégée, mais la petite histoire a duré toute la semaine. Conclusion : je révise ma précédente déclaration (revoyez les articles relatifs à ma rando dans les Cévennes en octobre) ; on n’a jamais assez de sacs plastique blindés.
  • last but not least, je ne sais pas ce que j’ai fabriqué avec mon filtre à eau, mais je me suis ramassée une chouette de gastro-entérite. Enfin, si, je m’en doute à peu près ; il avait tellement tendance à s’encrasser (l’eau est pas franchement « courante » par là-bas, y a plein de choses qui nagent dedans) que j’ai du le nettoyer plusieurs fois, et exposer les parties propres à des sal…etés. C’est la première fois que ça m’arrive en cinq ans, et je ne sais combien de semaines de randonnées en autonomie. La morale de l’histoire, c’est que je vais compléter la pharmacie des quelques grammes de comprimés qui vont bien ; car, cette fois-ci, j’ai quand même du assurer les 30 derniers kilomètres, sur des jambes plutôt flageolantes, avant de pouvoir commencer à me médicamenter.

N’allez quand même pas croire que tout a été noir pendant dix jours ! mais, pour la suite … vous repasserez !

Petit bilan de mon équipée aveyronnaise


Belle demeure aveyronnaise

+ 190 kms au compteur, avec 15 kms pour la plus petite journée (il faisait très chaud) et 27 kms pour la plus longue (il fallait bien rattraper le temps perdu les journées précédentes)

– 2,2 kilos sur la balance ; j’admets qu’il peut y en avoir une petite partie due à la gastro-entérite des 2 derniers jours, mais j’ai réellement du resserrer quotidiennement la ceinture du sac à dos. N’empêche que mes petits camarades du RIF devraient être « verts », eux qui prétendent toujours que « la rando ne fait pas maigrir ! » ; évidemment, ils pratiquent plutôt la marche avec les « port des affaires du jour seulement » (ça comprend les bouteilles portées par les messieurs, et les douceurs apportées par les dames, histoire de ne pas être en reste !), ripailles – arrosées de préférence – au gîte le soir, et nuit bien au chaud sous la couette. En fait, ça n’a de commun avec mon propre périple … que le nom : randonnée !

Non, je ne le fais pas à l’envers !


Emblème « La Méridienne Verte » sur le GR65

Je ne LE fais pas du tout, le pélerinage de Compostelle, même si j’ai pris le GR65 de Figeac à Conques, dans un sens apparemment inusité ! Certains ont du croire que j’avais confondu le nord avec le sud (avec une classique boussole, ça s’est déjà vu … mais avec un GPS, il faudrait vraiment ne pas savoir lire ce qui est simplement marqué sur l’écran !)
Heureusement, après la bifurcation sur le GR62 à Conques, on a cessé de me poser la question.
Remarquez, ils n’étaient pas forcément méchants, ceux qui m’interrogeaient ; ils pensaient peut-être tout simplement que je m’étais trompée ! (Une femme qui randonne seule, blablabla, blablabla, blablabla, …)

Les préparatifs s’accélèrent


Carte topographique

Il n’est que temps ! Départ pour Figeac en train jeudi matin, puis 170 kilomètres de randonnée pour rejoindre Millau via les GR 65 et GR 62. Les cartes sont imprimées (il y en a 17 feuilles format A4), tracés et routes ont été téléchargés dans le GPS, et je suis maintenant en train de rassembler tout le matériel qui va devoir rentrer dans le sac à dos… et que je devrai porter tout au long du chemin. Heureusement, le sac va s’alléger progressivement au fil des jours de ce que je consomme.

Ouf ! Je viens d’échapper à un choix cornélien …


Plats préparés et déshydratés maison

En prévision de mon départ en randonnée dans l’Aveyron (eh, oui ! c’est déjà dans 10 jours…), j’ai fait l’inventaire des plats déshydratés que j’avais en stock, et cela donne la liste suivante (en quantités variées pour chaque plat) :

  • dinde aux marrons
  • hachis parmentier
  • spaghettis bolognaise
  • pommes de terre au lard
  • tajine mouton-pruneaux (mon préféré)
  • poulet basquaise (celui-là n’est pas mal non plus)
  • lasagnes aux légumes
  • pâtes au thon et légumes
  • haricots au lard

Par un heureux hasard… j’ai justement 9 dîners à assurer pour toute la randonnée ; sinon, je ne sais pas comment j’aurais fait mon choix !
Y en a p’têt qui vont dire que je ne me soigne pas trop mal en rando…
mais y en a-t-il autant qui sont prêts à partir en autonomie complète, et à coucher dehors qu’il vente ou qu’il pleuve ? (en admettant que la neige ait bien voulu se faire une peu plus discrète d’ici mon départ…)