« Vous portez votre nourriture pour neuf jours ?… » (2/2)


Un autre petit village aveyronnais

Voici donc le deuxième épisode du feuilleton : « L’épicerie est ouverte, que vais-je y trouver ? »
Histoire d’adopter un quelconque ordre, je vous propose de procéder en examinant les différents repas de la journée, un par un. Et gardez bien à l’esprit qu’il ne s’agit pas de ravitailler un groupe de randonneurs, mais un marcheur solitaire.
1 – Le petit-déjeuner :

  • si, comme moi, vous êtes adepte du thé, vous savez que les sachets de ce breuvage sont en général vendus par 25, dans une boîte cartonnée, et qu’ils sont (ou non) emballés individuellement dans un étui de papier. Si c’est pour en trimballer 25, ça me paraît nettement plus simple de les acheter dans mon magasin habituel (moins cher, surtout si je les prends par boîte de 50), de les débarrasser de leurs emballages (encombrants, et pesant quasiment autant que leur contenu), de mettre la quantité voulue dans un petit sac plastique (ça pèse presque rien et ça protège de l’humidité) et de glisser le tout dans ma gamelle (ça ne prend pas de place, et je les aurai sous la main quand je ferai chauffer l’eau)
  • vous préférez le café ? j’imagine quand même que vous saurez renoncer à votre habituel expresso pour vous contenter de Nescafé ou autre poudre similaire. Sauf erreur de ma part, les dites préparations sont vendues en quantités prédéfines, dans des bocaux de verre (lourds et cassants) ; à votre place, tranquillement avant le départ, j’aurai transféré la quantité nécessaire à la randonnée dans un bocal plastique (ou éventuellement une boîte style Tupperware), que vous pourrez trouver dans une taille correspondant à votre besoin. Nota : si vous êtes adeptes des dosettes individuelles, effectivement très pratique pour un usage en randonnée, je vous conseille – une fois de plus – de faire votre provision chez votre fournisseur habituel avant le départ, car il est fort peu probable que vous en trouviez dans un petit magasin de village
  • chocolat ? lait (en poudre, évidemment) ? ils sont vendues en boîte carton d’un volume certain, qui s’écrasent, se vident dans le sac, et ne protègent absoluement pas de l’humidité. Voir la solution préconisée ci-avant pour le café
  • c’est meilleur avec du sucre, mais celui-ci est en général vendu par paquets d’un kilo. Si vous vouliez alléger le sac à dos, vous avez tout faux ! d’autant plus que, là encore, l’emballage est en carton, donc avide d’humidité. Une fois de plus, mieux vaut prévoir la quantité nécessaire, et l’emballer de manière compatible avec les conditions de la randonnée. Personnellement, je fais encore plus simple et léger : j’emmène un petit distributeur de sucrettes (Canderel ou autre) que je range avec mes sachets de thé ; ça n’apporte que le goût du sucre, mais les calories, je les prendrai dans autre chose
  • côté solide, si vous voulez des tartines, oubliez beurre ou margarine (vous ne transportez pas le frigo, vous aurez donc de l’huile en quelques heures), confitures, miels, Nutella et autres pâtes en pots de verre, sauf à les avoir préalablement transférés dans des récipients plus adéquats ; les produits disponibles en tubes (lait Nestlé, crème de marrons, autres ?) ou pots de plastique (beurre de cacahuète) sont par contre envisageables, et vous trouverez peut-être à réapprovisionner en cours de route
  • si vous préférez les céréales (vendues en boîte de carton ou – bien pire – sous sachet cellophane), vous ne les trouverez pas en petite quantité non plus ; donc autant les acheter avant de partir, et les reconditionner comme le reste. Petit truc, privilégiez les mélanges hautement calorifiques, donc en général ceux qui croustillent (plus riches en sucres et matières grasses) par rapport aux « floconneux » ; à quantité de calories équivalente, ils pèsent moins lourds, ça sera ça de moins à porter

2 – Le déjeuner : c’est une affaire de goût mais, en longue randonnée, je déjeune généralement de charcuterie + fromage + pain ; c’est effectivement le genre de denrées que l’on trouve relativement facilement, même dans les petits villages, et ça permet de goûter aux produits locaux. Au départ de la maison, j’ai en général un pain (complet ou aux céréales), un beau morceau de fromage de brebis et des tranches de viande des Grisons ou de jambon de pays, parfois des petites saucisses sèches, et je réapprovisionne en cours de randonnée en fonction des besoins. Cette fois-ci, j’avais varié le menu avec des produits ramenés du Québec : des tranches de jerky (viande ou poisson mariné et séché) de boeuf et de saumon.3 – Grignotages en cours de journée (et desserts) : tous types de fruits secs, barres, etc. selon votre goût. Maintenant, on trouve ça à peu près partout mais, le problème, c’est que c’est aussi vendu par certaines quantités ; et je n’ai certainement pas envie de manger tout un paquet d’abricots secs, avant de passer aux figues ou aux dattes, ou de ne consommer qu’une ou deux sortes de barres de céréales pendant plusieurs jours d’affilée ! La variété passe donc … par l’achat préalable à la randonnée, pour permettre la constitution de mélanges maison. J’ajoute que je déshydrate moi-même bon nombre de fruits (vous les connaissez mes pommes à la cannelle ?) et compotes (cette fois-ci, j’avais notamment emmené des pommes-cassis, rhubarbe-framboise, bananes-groseilles, mirabelles), qui n’ont rien à voir avec ce que l’on peut trouver dans le commerce !4 – Le dîner :

  • sauf quand il fait vraiment très chaud, je commence généralement par une soupe (en sachet déshydraté), que l’on peut parfois trouver dans les petits magasins ; mais, là encore, je n’ai pas envie de me faire 4 poireaux-pommes de terre d’affilé, puis 4 soupes des pêcheurs, etc. J’ai donc un stock de variétés différentes à la maison et, avant chaque départ en randonnée, je prends 1 ou 2 sachets de chaque sorte pour assurer une rotation
  • pour le plat principal, vous pouvez bien sûr opter pour les conserves mais ça n’est pas léger (en plus, il faut ramener le contenant à la prochaine poubelle … au village suivant), et puis, surtout, comment aller vous les faire réchauffer ? au bain-marie : c’est long, donc cela consomme beaucoup de carburant … qu’il faut porter, il faut aussi prévoir pas mal d’eau et une gamelle de taille suffisante (c’est lourd tout ça !) ; dans votre « casserole » : vous avez intérêt à le faire à feu très doux (pas facile avec un petit réchaud pas toujours très réglable, et c’est tout aussi long), il faudra faire la vaisselle (produit dégraissant + Scotch Brite à trimbaler) et sans doute avoir un autre pot réservé au chauffage de l’eau. En bref, côté poids, vous n’êtes pas gagnant ! Pour optimiser, je vous conseille plutôt d’adopter les plats qui ne nécessitent que d’être réhydratés avec de l’eau bouillante ; vous n’avez qu’à faire chauffer l’eau (pas beaucoup, donc ça n’est pas long), la verser dans le sachet plastique, bien touiller, et conserver le tout dans un endroit suffisamment isolé pendant quelques minutes (les polaires sont très bien pour ça). Contrairement à une idée répandu, les plats lyophilisés que l’on trouve chez les spécialistes (Au Vieux Campeur, Décathlon, etc.) sont bons et variés ; ils ont, par contre, pour défaut de revenir assez cher. Pour cette raison, et aussi parce que je préfère ma propre cuisine à celle préparée industriellement, je déshydrate moi-même une partie des plats cuisinés à la maison ; j’en ai toujours un petit stock, soigneusement emballés sous vide et stockés dans le bas du réfrigérateur, dans lequel je puise avant chaque randonnée.

Au fait, vous pensez toujours vous réapprovisionner au prochain village ?

« Vous portez votre nourriture pour neuf jours ?… » (1/2)


Petit village aveyronnais

« … vous pensez ne pas trouver à manger dans nos villages ! »
Eh oui, cher Monsieur ! J’aurais pu vous répondre ce qui suit.

1er épisode : Où trouver de quoi manger ?

D’abord, pour ceux qui ne seraient pas habitués des GR (autrement dit chemins de grande randonnée), ceux-ci n’ont généralement pas pour vocation d’emprunter le macadam qui relie habituellement entre eux les endroits un tant soit peu habités ; ils préfèrent sillonner les routes forestières, chemins agricoles et autres sentiers qui ne desservent pas vraiment les villages.
De temps à autre, tout de même, il leur arrive de passer par un groupe d’habitations un peu conséquent.
De là à dire que vous y trouverez un quelconque commerçant, de préférence un magasin d’alimentation ou une boulangerie … Il est bien connu que le commerce rural n’est pas en période d’expansion et que les habitants du crû se fournissent de plus en plus fréquemment auprès du super-marché local, à prix d’une petite demi-heure de voiture. Quant aux lieux touristiques, ils sont plus enclins à proposer à leurs visiteurs restaurants, boutiques de souvenirs et autres cafés que des commerces dits de proximité (qui intéressent fort peu le touriste).
Pour la démonstration, nous admettrons que vous avez quand même déniché l’épicerie dont vous rêviez. Et qui vous dit, d’abord, qu’elle est ouverte ? Avez-vous compté avec la « saison », cette période aux dates complètement floues et imprévisibles (du moins pour celui qui débarque !) , qui chamboule systématiquement les dates et horaires d’ouverture ? Entre novembre et avril, en tout cas, n’escomptez pas de miracle.
Et, en admettant encore (ça finit par faire vraiment beaucoup d’hypothèses) que vous soyez dans la période requise, êtes-vous sûr que ce n’est pas aujourd’hui lundi – jour traditionnel de fermeture, mercredi – jour des enfants, vendredi – RTT (?) ou dimanche – jour du Seigneur … ou tout autre jour correspondant à la « journée hebdomadaire de fermeture » ?
Nous sommes bien mardi, jour habituel d’ouverture … il est 12h40 … la porte reste obstinément fermée … cherchez l’erreur : l’écriteau dit « réouverture à 16h » !
Vous n’avez plus qu’à faire une – très – longue pause déjeuner, et c’est votre kilométrage quotidien va en prendre un sacré coup … ou pousser jusqu’au prochain village ! D’après votre carte … vous devriez l’atteindre à peu près dans deux jours.

Prochain épisode : « L’épicerie est ouverte, que vais-je y trouver ? »

Ouf ! Je viens d’échapper à un choix cornélien …


Plats préparés et déshydratés maison

En prévision de mon départ en randonnée dans l’Aveyron (eh, oui ! c’est déjà dans 10 jours…), j’ai fait l’inventaire des plats déshydratés que j’avais en stock, et cela donne la liste suivante (en quantités variées pour chaque plat) :

  • dinde aux marrons
  • hachis parmentier
  • spaghettis bolognaise
  • pommes de terre au lard
  • tajine mouton-pruneaux (mon préféré)
  • poulet basquaise (celui-là n’est pas mal non plus)
  • lasagnes aux légumes
  • pâtes au thon et légumes
  • haricots au lard

Par un heureux hasard… j’ai justement 9 dîners à assurer pour toute la randonnée ; sinon, je ne sais pas comment j’aurais fait mon choix !
Y en a p’têt qui vont dire que je ne me soigne pas trop mal en rando…
mais y en a-t-il autant qui sont prêts à partir en autonomie complète, et à coucher dehors qu’il vente ou qu’il pleuve ? (en admettant que la neige ait bien voulu se faire une peu plus discrète d’ici mon départ…)