De la mentalité du copropriétaire moyen (en 3 actes)


Ca n’a pas été perdu pour tout le monde !

ACTE I (au siècle dernier)
Chacun sait que nous sommes en démocratie, dans un pays où règnent la justice et la liberté, mais faut quand même pas pousser …
Voter « contre » une résolution en assemblée générale de copropriété, c’est pas sympa. Contester ladite résolution devant un tribunal, ça ne se fait pas. Mais avoir en plus le toupet de gagner le procès en question, et de réussir à faire annuler la résolution par le juge, ça ne s’était jamais vu … du moins dans un immeuble où les copropriétaires sont tous réputés être consensuels et bien pensants ! Surtout consensuels, d’ailleurs, à la réflexion.
Résultat, j’ai été déclarée « persona non grata » par un triumvirat de copropriétaires bien décidés à me faire payer mon attitude en ignorant totalement mon existence ; bon, ils n’allaient quand même pas jusqu’à me claquer la porte d’entrée au nez mais, quand ils me croisaient, ils ne me « voyaient » pas ! Qu’à cela ne tienne, j’ai moi aussi été atteinte d’une cécité totale et subite, et ce n’était pas moi la plus gênée de la situation … d’autant plus que ni les copropriétaires arrivés après cette histoire, ni les locataires n’avaient de raison particulière d’adopter le même comportement.
ACTE II (ces quelques derniers mois)
J’ai entrepris une sorte de procédure de vase communicant dans le sens armoires -> cartons de déménagement. L’objectif était de regrouper tout ce dont je souhaitais me débarrasser, et que je jugeais invendable (ou effectivement invendu), et de le faire enlever en une seule fois par Emmaüs. L’intention initiale était louable, mais la procédure s’est un peu éternisée, je n’ai toujours pas contacté Emmaüs … et les ouvriers arrivent demain pour refaire mes plafonds.
Comme il n’était pas question que j’inverse le processus (cartons -> armoires) pour le seul objectif de retrouver la place de circuler dans la pièce, j’ai pris mon courage à deux mains – les cartons aussi – et j’ai déposé tout ce qui m’encombrait sur le trottoir devant l’immeuble.
Oui, je sais, ça aussi ça ne se fait pas non plus ; mais je peux vous garantir qu’à Paris, et dans le quartier en particulier, c’est le meilleur moyen de procéder : il ne reste plus rien dans la 1/2 journée qui suit ! Et ça n’a pas raté …
ACTE III (j’étais en train de rajouter un carton sur la pile)
Lui (qui avait lancé l’opération boycott, et ne m’avait pas adressé la parole depuis à peu près 5 ans), avec un grand sourire : « c’est à jeter ? vous déménagez ? »
Moi (éludant la question sur le déménagement – je ne vais pas lui faire ce plaisir !) : « oui, c’est bien à jeter »
Lui : « mais il y a des choses à récupérer ; regardez, par exemple, ces 2 seaux ! »
Moi, avec un air amusé : « il y en a un des deux qui est percé »
Lui : « ah bon ! lequel ? »
Moi, rigolant franchement : « le bleu »
etc.
EPILOGUE (en revenant du container Emmaüs où je viens de déposer vêtements et chaussures)
Voyez l’état des cartons (photo) : il ne reste pas grand chose dedans !
Pour la petite histoire, le monsieur en question est écrivain ou philosophe, ou quelque chose d’approchant ; enfin d’un niveau intellectuel que je qualifierai de nettement au-dessus de la moyenne, mais je n’ai pas vraiment l’impression que nous soyons philosophico-compatible…
ET MAINTENANT ?
A votre avis, la prochaine fois qu’il me croise (ce qui arrive environ une demi-douzaine de fois par semaine), il me dit bonjour ou il ne me « voit » pas ?


Notice: Thème sans comments.php est déprécié depuis la version 3.0, aucune alternative n’est disponible. Veuillez inclure un modèle de comments.php à votre thème. in /home/marienoe/www/blog/wp-includes/functions.php on line 3901

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *