J’ai fait du chien à Girardville (14)


Will, Wesley et Sawyer

Avant que ne se rassemble toute la maisonnée (nous serons quinze à table, ce soir), j’ai le temps d’évoquer avec Tony mes prochains séjours : 2 semaines de canot cet été, puis de nouveau 2 semaines, l’hiver prochain, pour monter jusqu’au Camp des Lagopèdes ; les programmes qu’il me propose sont des plus alléchants, et j’ai hâte d’y être !
Arrive David, qui revient d’une journée de repérage pour l’expédition Pierre Doucet, qui emmènera, du 3 au 17 avril, Tony et ses 4 co-équipiers sur les traces du fondateur de Girardville ; nous découvrons à l’écran les superbes images et vidéo qu’il a rapidement mises sur CD pour nous les montrer. Vous trouverez sur le site de l’expédition http://www.pierredoucet.ca/ tous les détails sur le parcours, l’organisation, etc.
Après dîner, David, décidément très en verve, nous raconte l’histoire de l’ours bleu… que j’avais déjà du entendre ; mais racontée par lui, elle est vraiment… inénarrable ! N’oubliez pas de la lui demander lorsque vous irez à Girardville.
Le lendemain, départ à 8 heures tapantes, après un copieux petit déjeuner ; nous nous entassons (6 passagers avec bagages, et David au volant) dans le minibus pour reprendre la direction de Montréal. Cette fois-ci, nous découvrons le paysage enneigé (que nous n’avions pu voir à l’aller)… lorsqu’il n’est pas masqué par la « poudrerie » et les vitres gelées.
Après un peu plus de six heures de route, nous tombons sur… les embouteillages de Montréal, qui nous font prendre un peu de retard ; compte tenu de nos horaires respectifs d’avion, nous sommes largement dans les temps, mais David doit nous quitter rapidement pour aller récupérer de nouveaux clients à l’étage arrivée.
Au revoir Québec, et à très bientôt !

J’ai fait du chien à Girardville (13)


En traîneau

Et c’est enfin la dernière courte étape qui nous ramène à Girardville, et que Carole (avec la complicité de ses chiens) a tenu à rendre mémorable, pour moi en tout cas… Comme d’habitude, j’étais aux premières loges : je ne me rappelle pas l’avoir vu tomber, mais je la vois par contre très bien se relever avec dans la main … la poignée du traîneau ! seul trophée que ses chiens aient consenti à lui laisser (excuse-moi, Carole, j’en rigole encore en écrivant). Heureusement que nous n’étions plus très loin de l’arrivée, car elle a du terminer l’étape pliée en deux, en se cramponnant aux moignons de la poignée de son traîneau.
A l’arrivée, après avoir dételé nos chiens et les avoir longuement brossés (ils ne l’avaient pas été depuis 4 jours, car les brosses étaient restées au chenil), nous sommes allées rendre visite aux chiots de Banquise qui, en l’espace d’une semaine, avaient beaucoup changé : ils ne tenaient pas en place, essayaient de grimper sur moi, et cherchaient à mordiller et griffer tout ce qui passait à leur portée.
Puis nous nous sommes précipitées avec plaisir sous la douche … et sur des vêtements propres, qui ne sentent pas trop le chien !
Tony nous a ensuite conduites « en ville », voir un élevage de wapitis (les japonais achètent très cher leur ramure dont le « velours » a, paraît-il, des vertus aphrodisiaques), puis le moto-club local (je soupçonne que c’était pour tester mes connaissances motocyclistes…), et enfin la quincaillerie que nous avons dévalisée de ses tuques ; Martine et moi nous sommes contentées d’une chacune, mais Carole avait décidé de « chausser » les têtes de toute sa famille : elle en a carrément achetée quatre !
De retour à la maison, je suis allée passer un moment au chenil, dire au revoir à « mes chiens » avant la nuit.

A suivre…

J’ai fait du chien à Girardville (12)


La cabane au bord du lac

Au moment de nous coucher, je m’aperçois que l’un des deux grands lits est trempé ! Nos prédécesseurs (un autre groupe a couché là la nuit dernière) ont bien mis un seau pour recueillir l’eau qui tombe (la condensation gèle, et lorsqu’elle fond, ça pisse), mais matelas et sommier avaient déjà du bien s’imbiber auparavant ! Depuis le début de la semaine, Martine avait eu l’exclusivité des affaires trempées : nous savions que, là où elle mettait son sac, il allait systématiquement pleuvoir… donc nous mettions les nôtres ailleurs.
J’ai laissé le lit sec aux autres et ai disposé par terre 2 plaques de mousse épaisse pour faire un matelas. J’ai super bien dormi mais, au matin, mon matelas de fortune était collé au sol par le gel : de l’eau avait coulé à quelques centimètres de ma tête, mais moi, j’étais restée bien au sec.
Après le petit déjeuner (le poêle de la cabine était moins bien que celui de la tente pour griller les toasts) nous prenons le même chemin qu’à l’aller, et retournons coucher à la tente.
En traversant le lac, nous nous arrêtons à proximité de pêcheurs qui viennent d’attraper un superbe brochet. Le poisson frétillant dans la neige met les chiens de Tony en appétit, et ils se font prier pour reprendre la bonne direction.
Arrivés à la tente, nous reprenons nos habitudes. Cette fois-ci, il n’y a pas à regarnir le sol de la tente (une fois par semaine suffit) ; Tony délègue à Carole le soin du feu extérieur – celui de la cuisine – qu’elle prépare et allume avec brio (je ne me rappelle plus : une seule allumette, Carole ?)
Comme nous n’avons pas déjeuné, nous dînons tôt et très copieusement (surtout moi, à entendre les autres…) Puis je vais chercher un peu d’eau, la brosse à dents dans une main … et la hache dans l’autre (eh oui ! le trou se referme très vite, il faut casser la glace à chaque fois).
Hier soir c’était causerie, ce soir lecture … mais pas bien longtemps. Je persiste un peu à la lumière de ma frontale, et puis dodo.
A suivre…

J’ai fait du chien à Girardville (11)


Poêle à bois

Sous la tente, la nuit a été bonne, grâce au poêle réalimenté régulièrement par Tony (pratique, il se réveille lorsque la température baisse…). Pour les chiens aussi : leur fourrure épaisse les protège, et ils se roulent en boule serrée, pour conserver au maximum leur chaleur.
Par contre, Philippe, qui a tenu à passer toute la nuit dans son traîneau, a vu la fin de son séjour gâchée : les doigts gelés, il a du être ramené au gîte en motoneige par Martin, équipé de grosses moufles dans laquelle on avait glissé une paire de mes chaufferettes (le pauvre, il les a malheureusement testées avant moi !)
Après un confortable (bien au chaud dans nos duvets) et copieux petit déjeuner de toasts grillés sur le poêle et des habituels muffins, nous repartons donc en formation réduite : le petit traîneau de Carole a été chargé dans la remorque et elle a pris à la place celui de Philippe (plus grand), Tony a ajouté à son attelage les trois chiens qu’avait Philippe, et c’est désormais moi qui ferme la marche.
L’étape est la plus longue que nous ayons eue jusqu’ici, avec la traversée d’un long lac (16 km) où nous sommes exposés à un petit vent frais de face, avec le soleil dans le dos. J’ai du mal à réchauffer mes doigts (même en les mettant dans le dos, au soleil et à l’abri du vent), et finis par tirer une paire de chaufferettes de mon sac. Puisque je les ai amenées de Paris, autant les utiliser !
Nous ne faisons qu’une courte pause (thé – muffins – barres de céréales) sur la route, et arrivons de bonne heure à la cabane de rondins qui constitue l’étape du soir. Comme la tente, elle est située au bord d’un lac et chauffée par un poêle à bois. Finalement, les seules différences seront la cuisine sur un réchaud à gaz, une table et des chaises pour le repas, et des lits pour dormir … sauf pour moi, mais c’est la suite de l’histoire.
A suivre…

J’ai fait du chien à Girardville (10)


Tente traditionnelle de trappeur

Mercredi est le jour du grand départ : 4 journées de traîneau dans la forêt boréale, sans retour au gîte. Le temps s’est mis au beau pour de bon, avec un ciel bleu sans nuage. Pensant que nous étions chacun(e) venu(e) avec une montagne de bagages, Tony envisageait de les faire véhiculer en moto-neige par Martin ; mais à la vue de notre unique « petit » sac personnel (le mien fait quand même 85 litres !), il se ravise et décide que chacun emportera son propre bagage dans son traîneau.
Nous prenons également chacun un chien supplémentaire ; j’attelle donc Sawyer (bien sûr, vous avez lu les « Aventures de Tom… ») à la gauche de Wesley, Will étant toujours à la tête.
A midi, pause-repas autour d’un feu rapidement allumé ; nous nous sommes arrêtés en pleine forêt, et pouvons amasser suffisamment de bois mort sans avoir recours à la scie.
En milieu d’après-midi, nous arrivons à notre campement : la tente traditionnelle de trappeur, chauffée par un poêle à bois, est installée à l’orée du bois (à l’abri du vent) et au bord du lac. Grâce à Martin, nous avons une provision de bois suffisante pour la nuit et accès à l’eau du lac… moyennant 2 ou 3 coups de hache préalables.
Mais il faut d’abord s’occuper des chiens : les dételer, leur ôter le harnais, et les attacher, chacun à leur place à un long cable tendu entre les arbres ; puis leur donner à manger.
Il faut ensuite ramasser de pleines brassées de branches de résineux (juste les bouts de branche pleins d’aiguilles) pour en remettre une couche épaisse sur le sol de la tente ; cela nous isole du sol, et sent rudement bon ! C’est l’occasion de chausser les raquettes, que je m’obstine à perdre régulièrement, à chaque fois sous 30 cm de neige, évidemment !
Entretemps, Tony a mis une grosse côte de boeuf à dégeler (et fumer) au-dessus du feu allumé à quelques mètres de la tente. Une fois notre installation terminée, nous nous regroupons autour du feu pour un super-dîner sous les étoiles.
A suivre…

J’ai fait du chien à Girardville (9)


Les raquettes de la maisonnée

Le 2è jour, nous sommes partis pour la journée complète, avec pause-déjeuner autour d’un feu de camp. Là que j’ai abattu … mon premier arbre, non sans avoir marché/rampé dans une neige poudreuse qui m’arrivait à mi-cuisse ; j’avais « judicieusement » repéré un arbre proche, mais Tony m’en a suggéré un autre, un peu plus loin, « pas plus gros, mais plus haut, ça fera plus de bois à brûler ». Je précise que les belles raquettes que vous voyez sur la photo … étaient restées au gîte. C’est donc déjà un peu essoufflée que j’ai attaqué à la scie l’arbre en question, l’ai fait basculer par terre, puis traîné (en ramenant la scie aussi !) jusqu’à l’endroit où Tony préparait le feu. Restait encore à débiter l’arbre en bûches ! J’ai fait la première, puis Martine a proposé de me relayer … et je lui ai tendu la scie sans rechigner ! Pendant ce temps, les autres avaient ramassé du petit bois, et nous avons rapidement fait cercle autour d’une belle flambée.
Au menu : sandwiches jambon-fromage grillés (ils avaient gelé en cours de route, et puis, c’est bien meilleur grillé !), saucisses grillées (Tony les avaient pré-dégelées avant de partir), thé chaud, et muffins.
Le retour vers les traîneaux est une opération qui nécessite une certaine organisation : les chiens se sont reposés sans broncher pendant notre déjeuner (quelquefois rappelés à l’ordre lorsque l’un ou l’autre faisait mine de se relever), mais ils sont attentifs à tout mouvement qui pourrait ressembler au départ. Le jeu consiste donc à ranger et se préparer en restant groupés autour du feu, puis, lorsque nous sommes tous prêts, à rejoindre rapidement nos traîneaux simultanément, dans le concert des aboiements et au milieu des chiens qui cherchent déjà à entraîner les traîneaux malgré l’ancre.
Pensez à vous agripper au traîneau en relâchant le frein, sinon… demandez à Carole ce qui se passe !
A suivre…

J’ai fait du chien à Girardville (8)


Will déguste son morceau de viande congelée

Retour au chenil après cette première courte balade (1 1/2 à 2 heures). Il faut alors dételer chaque chien, le ramener à sa place et le débarrasser de son harnais, en terminant par le chien de tête. Ces diables de bestiaux savent que, lorsqu’il y a une résistance au bout du harnais, ils doivent tirer ! Il faut donc leur résister pour ne pas s’envoler…
C’est ensuite la cérémonie du brossage : en remontant le collier bien haut pour dégager le cou du chien, on lui brosse tout le corps avec une sorte de peigne métallique ; ceci permet à la fois de le débarasser de la neige gelée restée accrochée (en particulier sur le poitrail), et de redonner un bon gonflant à son poil (c’est sa couverture contre le froid !)
Les chiens se déchaînent (au sens figuré, seulement) lorsqu’ils voient Tony s’approcher du sac de croquettes pour leur distribuer le repas du jour ; un à un, chaque chien reçoit sa part, et se jette dessus sans se faire prier. Un bruit de tronçonneuse, non loin, me fait dresser l’oreille : Martin découpe des morceaux de porc (congelé) que Tony distribue à chaque chien. C’est fête pour eux, car ils n’y ont pas droit tous les jours… et ça les occupe un moment.
Nous regagnons nos chambres pour nous débarrasser de notre équipement. Un thé accompagné de toasts, crackers, pâté de foie et différents fromages nous attend dans la salle commune. Comme c’est le premier jour, nous nous demandons si c’est le « souper ». Négatif : ce n’est qu’une petite collation pour patienter jusqu’au repas du soir !
Remarque : Tony nous a assuré à plusieurs reprises, au cours de la semaine, que nous ne prendrions pas un kilo pendant notre séjour. Je m’inscris délibérément en faux contre cette assertion, en ce qui me concerne tout au moins !
A suivre…

J’ai fait du chien à Girardville (7)


Will, mon chien de tête

J’attelle donc Will (celui de la photo) en chien de tête, puis après l’avoir fait coucher (Tony me montre comment lui donner une tape sur le museau avec le gant – pas la main – pour le faire obéir), je cours chercher Wesley pour l’atteler en deuxième position. Il ne faut pas traîner car les chiens des différents attelages s’excitent mutuellement tant ils sont pressés de partir.
Il faut ensuite monter à pieds joints sur le frein (sorte de herse pivotante montée entre les deux patins), se baisser et tendre le bras pour attraper l’ancre et la ramener dans le traîneau. Les chiens sont debouts depuis longtemps et cherchent à tirer le traîneau en aboyant comme des fous ; il suffit d’alléger un des pieds du frein pour démarrer en trombe !
Dommage ! Il y a un virage à droite à 90° juste avant d’atteindre la maison… qui permet Carole de nous faire sa première démonstration de triple saut périlleux arrière. Bon, d’accord, j’exagère un peu, mais ses chiens ont paru trouver amusant de la semer en route, et, par la suite, ils ont renouvelé quotidiennement l’exercice (sauf le vendredi, mais ils se sont bien rattrapés le lendemain !) Et comme je la suivais, j’étais toujours aux premières loges.
J’ai omis de vous dire que pour diriger le traîneau, on a le frein et … rien d’autre ! Bon d’accord, on peut essayer d’influer un peu sur la trajectoire en mettant un peu plus de poids sur l’un ou l’autre des patins (un peu comme à ski), mais quand on un pied en quasi-permanence sur le frein, ça n’est pas forcément évident.
A suivre…

« Des clients contents et qui reviennent »…


Dépliant Attractions Boréales

… qu’y disent sur leur site !
Avec moi, ils ont gagné : je viens de confirmer mon inscription pour 2 semaines de raid en traîneau en décembre prochain. Quant à la quinzaine de jours en canot (non, on ne dit pas canoë au Québec) cet été, je n’attends que les dates définitives pour signer.
Si vous avez des regrets, n’hésitez pas : cliquez sur http://www.attractionsboreales.com/ et n’oubliez pas de dire à David que c’est moi qui vous ai donné l’info

J’ai fait du chien à Girardville (6)


Traîneaux en ligne pour le départ

Finalement, après quelques erreurs (elles se ressemblent toutes, ces boucles de harnais !), les automatismes viennent. Les chiens sont coopératifs : ils savent ce qui vient – normalement – après… Sauf que, cette fois-ci, on leur retire le harnais aussitôt après l’avoir mis ; du coup, ils rechignent à se laisser plier les pattes pour quitter le harnais. Constatant que nous ne sommes « pas plus mauvais que d’autres », Tony met fin à l’exercice après que nous ayons chacun harnaché une demi-douzaine de chiens, et nous convie à « dîner ».

L’après-midi, nous nous équipons chaudement pour notre première sortie en traîneau et gagnons le chenil. En nous voyant aligner les traîneaux, les chiens s’excitent et donnent de la voix. Nous avons chacun la liste de « nos » chiens pour la semaine, ainsi que le numéro d’ordre de notre traîneau (on est prié de suivre de près le traîneau précédent, mais sans que nos chiens ne puissent l’atteindre). Dans l’ordre, il y aura donc Tony, puis Martine, Carole en troisième position, moi en quatrième et Philippe fermant la marche.
Les deux premiers jours, nous ne prendrons chacun que deux chiens, car nous ne transportons ni bagages, ni matériel.

Tony nous indique ensuite comment préparer nos traîneaux et atteler les chiens :

  • s’assurer d’abord que chaque traîneau est suffisamment espacé du précédent et/ou du suivant (la ligne de trait doit être totalement étalée sur le sol, avec un peu de marge)
  • enfoncer soigneusement l’ancre (gros grappin à deux pointes) dans la neige, à hauteur des patins (il faudra pouvoir la retirer rapidement sans pour autant lâcher le frein)
  • équiper chacun de nos chiens d’un harnais
  • atteler d’abord le chien de tête : passer la poignée de bois qui termine son harnais dans la boucle la plus en avant du trait
  • puis atteler les chiens suivants ; en plus de la fixation du harnais, il faut attacher le mousqueton du collier à un « bout » plus court, qui maintient le chien parallèle au trait

A suivre…