Quelques faits marquants du séjour à Girardville

Quand la glace craque …
  1. J’ai réussi à dormir (presque) 4 nuits dehors dans mon hamac : les deux premières nuits dans le tipi installé à proximité du chalet de Toni, les deux suivantes à deux pas de la tente que nous avions monté pour la nuit. J’ai quand même regagné la tente (chauffée) au cours de la 4è nuit car je commençais à avoir un peu froid : il était 3h30 du matin et mon thermomètre marquait … – 21°C ! Qui dit mieux ?
  2. Lors des premières sorties de la saison, les chiens sont diablement excités, pour ne pas dire incontrôlables. Pour ne rien arranger, j’ai eu droit, pour la première semaine, aux deux plus gros molosses du chenil, Maluk et Ithaque ; malheureusement, la masse de leur cerveau étant grosso modo inversement proportionnel à leur poids, ils m’en ont fait voir de toutes les couleurs ! Quoique … ça surtout été du blanc, car ils n’ont pas perdu une occasion de me traîner dans la neige lorsque je les amenais au traîneau le matin ou tentais de les rattacher à leur place en fin de journée. J’ai heureusement eu droit à des chiens un peu plus calmes – et moins costauds – en deuxième semaine.
  3. J’ai brillamment passé le test d’allumage de mon premier feu en plein hiver, avec pour tous accessoires « hors nature » qu’un briquet Bic et une seule petite bougie de 3,5 cm de haut, du style de celle que l’on met sur les gâteaux d’anniversaire. Eh oui ! même sous la neige, on peut trouver du bois sec et des végétaux (lichens et écorces en particulier) pour démarrer un feu sans papier.
  4. C’est toujours un peu impressionnant de passer dans de la « slosh » (neige fondue) lorsque l’on est sur un lac : on se demande si ça va tenir ou pas ! Mais ce qui est franchement désagréable, c’est que les patins du traîneau (ou les raquettes, si l’on est à pied) se couvrent instantanément d’un bonne couche de glace. C’est très lourd, et ça colle !
  5. J’ai testé la limite inférieure de mon thermomètre enregistreur : il a marqué -25°C à 11 heures du soir, puis « Low » pendant les 5 heures suivantes. Je ne saurai vous dire si la température est descendue jusqu’à -30°C, ou même -35°C, mais je peux vous assurer que le poêle à bois a bien ronflé cette nuit-là dans la tente !
  6. A certains moments, il aurait presque fallu porter un casque intégral : en forêt, les branches surchargées de neige étaient très basses, et il fallait souvent s’accroupir sur les patins du traîneau pour se mettre à l’abri ; j’ai quand même récolté une (petite) balafre sur la joue gauche.
  7. Après vérification, les cartes topographiques qui équipent mon GPS sont plus détaillées que les versions papier de Tony ; du coup, il m’a emprunté l’engin pour reporter au crayon sur ses propres cartes les chemins qui lui manquaient.
  8. Je me suis gavée de la confiture aux framboises sauvages de Jannick pendant 2 semaines. Mais cette année, je vais pouvoir faire la mienne !
  9. Les chiens ont réussi à me « larguer  » à quelques kilomètres de l’arrivée le dernier jour : le traîneau a versé dans la poudreuse qui se trouvait à l’intérieur d’un virage ; j’ai pu le redresser, mais n’ai pas eu le temps de remonter … et ils ont continué sans moi. Dans ce cas-là, inutile de leur crier dessus : ils ne consentent à s’arrêter que si la personne qui se trouve devant prend la peine de stopper son propre traîneau, et de retenir le chien de tête par son collier ou le harnais !

Bref, c’était le fun comme on dit là-bas !

De retour …

Girardville sous la neige et le soleil

En fait, je ne suis pas vraiment sûre d’avoir complètement atterri : avec à peine 2 heures de sommeil en 36 heures, et un différentiel de température de plus de 35°C (il a fait environ -30°C les deux dernières nuits que nous avons passées sous la tente), j’ai un peu de mal à reprendre contact avec la réalité parisienne. A très vite pour plus de détails et quelques photos.

Finalement, ce fut … la Ouasiemsca !

Portage dans les cailloux

Compte tenu du faible niveau d’eau, nous avons renoncé à descendre la rivière Mistassini au profit de l’un de ses affluents, la Ouasiemsca … dont les cailloux ne se sont pas montrés très tendres :

  • ni pour mes genoux : à chaque fois que le canot touchait un caillou – et il en y avait pas qu’un peu – les genoux étaient aux premières loges (pour ceux qui ne savent pas, en canot on pagaye à genoux … au moins quand on passe des rapides)
  • ni pour mes fesses : quand on est passé à la baille, la technique est de se laisser descendre par le courant, les pieds vers l’avant ; mais ce que ne dit pas le bouquin, c’est qu’on rebondit de pierre en pierre jusqu’à ce que le courant veuille bien se calmer pour nous permettre de reprendre une position … plus pédestre
  • ni pour (une de) mes mains, qui a percuté plutôt méchamment un caillou mal placé après un chavirage imprévu et pas franchement contrôlé.

Bon, ça a l’air pas drôle comme ça, mais en fait nous avons fait une superbe virée (attendez un peu de voir les autres photos) agrémentée de bivouacs et pauses déjeuner au bord de l’eau et toujours autour d’un sympathique feu de camp.

Le monde est bien petit …


L’agence de voyages est à deux pas !

Tenez, par exemple : pour trouver des billets d’avion Paris -> Montréal à prix économique, je cherche sur internet (Yahoo! Voyages fonctionne très bien), passe en revue les diverses propositions d’une bonne vingtaine de voyagistes ; vol direct ou avec escale, compagnie régulière ou charter, dates et heures précises et prix, bien sûr.
Je fais mon choix, valide, paye par carte Visa et j’arrive enfin au choix du mode de livraison des billets ; deux possibilités sont offertes gratuitement (plus une demi-douzaine d’autre moyennant supplément) : envoi par courrier simple (délai 8 jours) ou retrait à l’agence à partir du lendemain 10 heures. Et l’agence … elle est à deux rues de la maison !

J’ai fait du chien à Girardville (14)


Will, Wesley et Sawyer

Avant que ne se rassemble toute la maisonnée (nous serons quinze à table, ce soir), j’ai le temps d’évoquer avec Tony mes prochains séjours : 2 semaines de canot cet été, puis de nouveau 2 semaines, l’hiver prochain, pour monter jusqu’au Camp des Lagopèdes ; les programmes qu’il me propose sont des plus alléchants, et j’ai hâte d’y être !
Arrive David, qui revient d’une journée de repérage pour l’expédition Pierre Doucet, qui emmènera, du 3 au 17 avril, Tony et ses 4 co-équipiers sur les traces du fondateur de Girardville ; nous découvrons à l’écran les superbes images et vidéo qu’il a rapidement mises sur CD pour nous les montrer. Vous trouverez sur le site de l’expédition http://www.pierredoucet.ca/ tous les détails sur le parcours, l’organisation, etc.
Après dîner, David, décidément très en verve, nous raconte l’histoire de l’ours bleu… que j’avais déjà du entendre ; mais racontée par lui, elle est vraiment… inénarrable ! N’oubliez pas de la lui demander lorsque vous irez à Girardville.
Le lendemain, départ à 8 heures tapantes, après un copieux petit déjeuner ; nous nous entassons (6 passagers avec bagages, et David au volant) dans le minibus pour reprendre la direction de Montréal. Cette fois-ci, nous découvrons le paysage enneigé (que nous n’avions pu voir à l’aller)… lorsqu’il n’est pas masqué par la « poudrerie » et les vitres gelées.
Après un peu plus de six heures de route, nous tombons sur… les embouteillages de Montréal, qui nous font prendre un peu de retard ; compte tenu de nos horaires respectifs d’avion, nous sommes largement dans les temps, mais David doit nous quitter rapidement pour aller récupérer de nouveaux clients à l’étage arrivée.
Au revoir Québec, et à très bientôt !

J’ai fait du chien à Girardville (13)


En traîneau

Et c’est enfin la dernière courte étape qui nous ramène à Girardville, et que Carole (avec la complicité de ses chiens) a tenu à rendre mémorable, pour moi en tout cas… Comme d’habitude, j’étais aux premières loges : je ne me rappelle pas l’avoir vu tomber, mais je la vois par contre très bien se relever avec dans la main … la poignée du traîneau ! seul trophée que ses chiens aient consenti à lui laisser (excuse-moi, Carole, j’en rigole encore en écrivant). Heureusement que nous n’étions plus très loin de l’arrivée, car elle a du terminer l’étape pliée en deux, en se cramponnant aux moignons de la poignée de son traîneau.
A l’arrivée, après avoir dételé nos chiens et les avoir longuement brossés (ils ne l’avaient pas été depuis 4 jours, car les brosses étaient restées au chenil), nous sommes allées rendre visite aux chiots de Banquise qui, en l’espace d’une semaine, avaient beaucoup changé : ils ne tenaient pas en place, essayaient de grimper sur moi, et cherchaient à mordiller et griffer tout ce qui passait à leur portée.
Puis nous nous sommes précipitées avec plaisir sous la douche … et sur des vêtements propres, qui ne sentent pas trop le chien !
Tony nous a ensuite conduites « en ville », voir un élevage de wapitis (les japonais achètent très cher leur ramure dont le « velours » a, paraît-il, des vertus aphrodisiaques), puis le moto-club local (je soupçonne que c’était pour tester mes connaissances motocyclistes…), et enfin la quincaillerie que nous avons dévalisée de ses tuques ; Martine et moi nous sommes contentées d’une chacune, mais Carole avait décidé de « chausser » les têtes de toute sa famille : elle en a carrément achetée quatre !
De retour à la maison, je suis allée passer un moment au chenil, dire au revoir à « mes chiens » avant la nuit.

A suivre…

J’ai fait du chien à Girardville (12)


La cabane au bord du lac

Au moment de nous coucher, je m’aperçois que l’un des deux grands lits est trempé ! Nos prédécesseurs (un autre groupe a couché là la nuit dernière) ont bien mis un seau pour recueillir l’eau qui tombe (la condensation gèle, et lorsqu’elle fond, ça pisse), mais matelas et sommier avaient déjà du bien s’imbiber auparavant ! Depuis le début de la semaine, Martine avait eu l’exclusivité des affaires trempées : nous savions que, là où elle mettait son sac, il allait systématiquement pleuvoir… donc nous mettions les nôtres ailleurs.
J’ai laissé le lit sec aux autres et ai disposé par terre 2 plaques de mousse épaisse pour faire un matelas. J’ai super bien dormi mais, au matin, mon matelas de fortune était collé au sol par le gel : de l’eau avait coulé à quelques centimètres de ma tête, mais moi, j’étais restée bien au sec.
Après le petit déjeuner (le poêle de la cabine était moins bien que celui de la tente pour griller les toasts) nous prenons le même chemin qu’à l’aller, et retournons coucher à la tente.
En traversant le lac, nous nous arrêtons à proximité de pêcheurs qui viennent d’attraper un superbe brochet. Le poisson frétillant dans la neige met les chiens de Tony en appétit, et ils se font prier pour reprendre la bonne direction.
Arrivés à la tente, nous reprenons nos habitudes. Cette fois-ci, il n’y a pas à regarnir le sol de la tente (une fois par semaine suffit) ; Tony délègue à Carole le soin du feu extérieur – celui de la cuisine – qu’elle prépare et allume avec brio (je ne me rappelle plus : une seule allumette, Carole ?)
Comme nous n’avons pas déjeuné, nous dînons tôt et très copieusement (surtout moi, à entendre les autres…) Puis je vais chercher un peu d’eau, la brosse à dents dans une main … et la hache dans l’autre (eh oui ! le trou se referme très vite, il faut casser la glace à chaque fois).
Hier soir c’était causerie, ce soir lecture … mais pas bien longtemps. Je persiste un peu à la lumière de ma frontale, et puis dodo.
A suivre…

J’ai fait du chien à Girardville (11)


Poêle à bois

Sous la tente, la nuit a été bonne, grâce au poêle réalimenté régulièrement par Tony (pratique, il se réveille lorsque la température baisse…). Pour les chiens aussi : leur fourrure épaisse les protège, et ils se roulent en boule serrée, pour conserver au maximum leur chaleur.
Par contre, Philippe, qui a tenu à passer toute la nuit dans son traîneau, a vu la fin de son séjour gâchée : les doigts gelés, il a du être ramené au gîte en motoneige par Martin, équipé de grosses moufles dans laquelle on avait glissé une paire de mes chaufferettes (le pauvre, il les a malheureusement testées avant moi !)
Après un confortable (bien au chaud dans nos duvets) et copieux petit déjeuner de toasts grillés sur le poêle et des habituels muffins, nous repartons donc en formation réduite : le petit traîneau de Carole a été chargé dans la remorque et elle a pris à la place celui de Philippe (plus grand), Tony a ajouté à son attelage les trois chiens qu’avait Philippe, et c’est désormais moi qui ferme la marche.
L’étape est la plus longue que nous ayons eue jusqu’ici, avec la traversée d’un long lac (16 km) où nous sommes exposés à un petit vent frais de face, avec le soleil dans le dos. J’ai du mal à réchauffer mes doigts (même en les mettant dans le dos, au soleil et à l’abri du vent), et finis par tirer une paire de chaufferettes de mon sac. Puisque je les ai amenées de Paris, autant les utiliser !
Nous ne faisons qu’une courte pause (thé – muffins – barres de céréales) sur la route, et arrivons de bonne heure à la cabane de rondins qui constitue l’étape du soir. Comme la tente, elle est située au bord d’un lac et chauffée par un poêle à bois. Finalement, les seules différences seront la cuisine sur un réchaud à gaz, une table et des chaises pour le repas, et des lits pour dormir … sauf pour moi, mais c’est la suite de l’histoire.
A suivre…

J’ai fait du chien à Girardville (10)


Tente traditionnelle de trappeur

Mercredi est le jour du grand départ : 4 journées de traîneau dans la forêt boréale, sans retour au gîte. Le temps s’est mis au beau pour de bon, avec un ciel bleu sans nuage. Pensant que nous étions chacun(e) venu(e) avec une montagne de bagages, Tony envisageait de les faire véhiculer en moto-neige par Martin ; mais à la vue de notre unique « petit » sac personnel (le mien fait quand même 85 litres !), il se ravise et décide que chacun emportera son propre bagage dans son traîneau.
Nous prenons également chacun un chien supplémentaire ; j’attelle donc Sawyer (bien sûr, vous avez lu les « Aventures de Tom… ») à la gauche de Wesley, Will étant toujours à la tête.
A midi, pause-repas autour d’un feu rapidement allumé ; nous nous sommes arrêtés en pleine forêt, et pouvons amasser suffisamment de bois mort sans avoir recours à la scie.
En milieu d’après-midi, nous arrivons à notre campement : la tente traditionnelle de trappeur, chauffée par un poêle à bois, est installée à l’orée du bois (à l’abri du vent) et au bord du lac. Grâce à Martin, nous avons une provision de bois suffisante pour la nuit et accès à l’eau du lac… moyennant 2 ou 3 coups de hache préalables.
Mais il faut d’abord s’occuper des chiens : les dételer, leur ôter le harnais, et les attacher, chacun à leur place à un long cable tendu entre les arbres ; puis leur donner à manger.
Il faut ensuite ramasser de pleines brassées de branches de résineux (juste les bouts de branche pleins d’aiguilles) pour en remettre une couche épaisse sur le sol de la tente ; cela nous isole du sol, et sent rudement bon ! C’est l’occasion de chausser les raquettes, que je m’obstine à perdre régulièrement, à chaque fois sous 30 cm de neige, évidemment !
Entretemps, Tony a mis une grosse côte de boeuf à dégeler (et fumer) au-dessus du feu allumé à quelques mètres de la tente. Une fois notre installation terminée, nous nous regroupons autour du feu pour un super-dîner sous les étoiles.
A suivre…

J’ai fait du chien à Girardville (9)


Les raquettes de la maisonnée

Le 2è jour, nous sommes partis pour la journée complète, avec pause-déjeuner autour d’un feu de camp. Là que j’ai abattu … mon premier arbre, non sans avoir marché/rampé dans une neige poudreuse qui m’arrivait à mi-cuisse ; j’avais « judicieusement » repéré un arbre proche, mais Tony m’en a suggéré un autre, un peu plus loin, « pas plus gros, mais plus haut, ça fera plus de bois à brûler ». Je précise que les belles raquettes que vous voyez sur la photo … étaient restées au gîte. C’est donc déjà un peu essoufflée que j’ai attaqué à la scie l’arbre en question, l’ai fait basculer par terre, puis traîné (en ramenant la scie aussi !) jusqu’à l’endroit où Tony préparait le feu. Restait encore à débiter l’arbre en bûches ! J’ai fait la première, puis Martine a proposé de me relayer … et je lui ai tendu la scie sans rechigner ! Pendant ce temps, les autres avaient ramassé du petit bois, et nous avons rapidement fait cercle autour d’une belle flambée.
Au menu : sandwiches jambon-fromage grillés (ils avaient gelé en cours de route, et puis, c’est bien meilleur grillé !), saucisses grillées (Tony les avaient pré-dégelées avant de partir), thé chaud, et muffins.
Le retour vers les traîneaux est une opération qui nécessite une certaine organisation : les chiens se sont reposés sans broncher pendant notre déjeuner (quelquefois rappelés à l’ordre lorsque l’un ou l’autre faisait mine de se relever), mais ils sont attentifs à tout mouvement qui pourrait ressembler au départ. Le jeu consiste donc à ranger et se préparer en restant groupés autour du feu, puis, lorsque nous sommes tous prêts, à rejoindre rapidement nos traîneaux simultanément, dans le concert des aboiements et au milieu des chiens qui cherchent déjà à entraîner les traîneaux malgré l’ancre.
Pensez à vous agripper au traîneau en relâchant le frein, sinon… demandez à Carole ce qui se passe !
A suivre…