Etude et variations

Aucun rapport avec Chopin, mais plutôt avec mon incurable optimisme qui m’a incitée à monter de bonne heure sur le Mont Lozère pour faire une aquarelle du hameau de Bellecoste, que j’avais trouvé si beau l’autre jour. Comme de bien entendu, là-haut il faisait 5 à 6°C de moins que dans la vallée … soit tout juste 4°C, et le fort vent qui soufflait depuis plusieurs jours n’avait pas faibli. Mais le spectacle était trop beau pour repartir sans rien faire, surtout après presqu’une heure et demie de route ! J’ai fait le tour du hameau, cherchant à la fois un bon point de vue … et un emplacement abrité du vent frisquet, et ai fini par me poser au pied d’un gros rocher dominant les habitations. D’accord, j’avais le soleil presqu’en face, mais le contrejour ne m’a pas empêché d’enchaîner un rapide croquis à l’encre …


… suivi d’une petite étude à l’aquarelle …

… qui me serviront, je l’espère, un jour où des conditions plus clémentes me permettront de stationner sur place 1 à 2 heures, le temps de faire une « vraie » aquarelle.

A défaut, j’essaierai peut-être de la faire à la maison, en utilisant également la photo … En repartant, mon oeil était sans cesse attiré par les magnifiques couleurs des arbres, me demandant comment les traduire sur ma palette … par exemple ces teintes argentées (bouleaux dépourvus de feuilles ?) mêlées aux ors roux des hêtres et ceux plus jaunes des châtaigniers ; des essais à faire en perspective …


En remontant de la station de ski vers le Col de Finiels (plein sud, avec le soleil presqu’en face), j’ai repéré des reflets argentés suspects à la cîme des sapins. Vérification faite, ils étaient bel et bien givrés !

Le thermomètre de la voiture ne marquait d’ailleurs plus que 2°C et le bas-côté était parsemé de plaques de neige …

J’avais bien remarqué, en montant, que les grands piquets rouges avaient retrouvé leur place hivernale de chaque côté de la route, mais je n’avais pas réalisé que la neige était si proche (je me baignais sur les plages de Crète il y a à peine 8 jours !) ; il va décidément falloir que je remette les raquettes à poste, dans le coffre …

Du Col du Bez à Florac par le GR72 – Les photos


Elles sont 92 à avoir survécu : toutes les photos de ces 5 jours de randonnée – après écrémage, assemblage des panoramiques et retouches – sont dans cette nouvelle catégorie de ma galerie. Appréciez sans modération, notez vos préférées et laissez vos commentaires, la galerie vous permet tout ça … Et si vous avez raté le début du récit, c’est par là !

Du Col du Bez à Florac par le GR72 (5)

Jour 5 (si vous avez raté le jour précédent …)
Bien vu : l’oeil à peine ouvert, j’identifie le bruit des gouttes sur la toile au-dessus de ma tête … mais ce n’est encore qu’un petit crachin, qui s’interrompt lors de mes préparatifs de mise en route. Les choses ne deviennent sérieuses qu’à mon arrivée à Cassagnas, où une très gentille dame me propose de remplir mes gourdes au robinet de son jardin (finalement, je n’aurai pas utilisé mon filtre une seule fois au cours du périple !) ; il est temps de sortir l’équipement de pluie.

Je ressasse le même dilemme depuis la veille : il me reste à faire un peu plus de 30 kms pour rejoindre Florac … La météo n’incitant pas à folâtrer, je fais une seule – loonnngue – étape jusqu’à Florac, ou je fais encore un bivouac – avec la perspective de renfiler des vêtements trempés le lendemain matin – en route ? L’incontournable : le car pour Alès quitte Florac à 9h le matin, il faut donc que je passe la dernière nuit au gîte, sur place, afin de ne pas le rater !

J’adopte dès le départ un rythme assez soutenu (de toute manière, il pleut !), mais en trimballant le plein d’eau ! de manière à garder mes options ouvertes le plus longtemps possible. Pause déjeuner minimale (il pleut toujours dru, et même un très gros châtaignier se révèle être un abri plutôt inhospitalier), mais il me faut quand même faire une pause (les pieds – trempés – commencent à souffrir avec tout ce bitume) et me restaurer avant d’attaquer la dernière ascension vers Barre des Cévennes.

Mais ce n’est finalement qu’en fin d’après-midi, une fois arrivée à Barre, que j’assume la décision de poursuivre jusqu’au bout ce jour-là : je vide mes gourdes (trop ! j’ai dû me rationner pendant les 2 dernières heures !) pour alléger au maximum le sac, téléphone (oui, à Barre des Cévennes, Orange « passe ») au gîte de Florac pour annoncer mon arrivée « à la nuit », et décide de prendre un raccourci … au prix de quelques centaines de mètres de bitume supplémentaires ! Je n’ai pas vraiment traîné en route, mais j’étais plus qu’impatiente d’arriver au gîte ; le jour baissait, et j’y voyais de moins en moins sur le sentier escarpé qui dévale le flanc de la Cam de Tardonnenche ; mais j’ai quand même atteint le bitume (toujours le bitume …) avant la nuit, et le gîte peu après 19h30.

Malgré que je n’ai pas récolté une seule ampoule, ça faisait bien longtemps que je n’avais pas eu aussi mal aux pieds à l’issue d’une randonnée : ils sont restés congestionnés plus de 24 heures et, même 3 jours après, j’ai l’impression qu’ils n’ont pas encore repris leur taille normale ! Mais quand on aime …

Du Col du Bez à Florac par le GR72 (4)

Jour 4 (si vous avez raté le jour précédent …)
C’aurait été trop simple … mais n’anticipons pas ; le début de la journée est idyllique. J’adore ces paysages de landes granitiques du Mont-Lozère, le sentier longe le Tarn naissant pendant un bon moment et je découvre le Pont du Tarn où je n’étais encore jamais passée. Rencontre avec une troupe de cavaliers et de chevaux non montés, qui m’occasionne une petite frayeur (j’ai eu beau m’écarter, les bestiaux ont occupé toute la place disponible, et les voir me foncer dessus au grand galop n’était pas des plus rassurant !)



C’est en fin de matinée, alors que j’avais amorcé la descente depuis un bon moment, que j’ai réalisé que ma trace GPS s’éloignait sensiblement du parcours initialement prévu ; j’avais pourtant suivi scrupuleusement les balises, et aucun autre GR ne passe à cet endroit-là … Concluant à un rebalisage récent, je décide de poursuivre : un balisage GR mène toujours quelque part, et puis il faut de toute manière que je descende du Mont-Lozère pour attaquer le Bougès, en face !


Après quelques fausses pistes (le balisage à travers les genêts est parfois … perfectible !), je finis pas arriver au hameau du Merlet ; je sais à peu près où il se trouve (le gîte est tenu par les cousins d’une amie), mais il est bel et bien … en-dehors de ma carte ! Difficile de se repérer dans ces conditions … je continue ma descente vers la route tout en bas, après avoir du demander mon chemin au hameau suivant, car le balisage est plutôt … absent par endroits. Arrivée à proximité de la D998, une réflexion s’impose : le GR indique de partir à droite, et l’itinéraire que j’avais prévu doit être quelque part sur la gauche, à une distance que je suis incapable d’estimer (je suis toujours en dehors de ma carte …) A l’issue de la pause-déjeuner, je décide d’opter pour la version GR officiel … jusqu’à ce que j’atteigne un panneau « Pont de Montvert : 3,5 kms ». Clairement pas la bonne direction, puisque je n’ai pas du tout l’intention de passer par là ! Demi-tour donc, re-bitume pendant quelques kilomètres avant d’atteindre le point de départ initialement prévu (merci, le GPS !) de ma montée sur le Bougès. Je grimpe, je grimpe … le balisage ancien a été effacé, mais la petite route est toujours là. Arrivée au point où je devrais partir à travers bois, une gentille dame me confirme que non, le GR ne passe plus par là depuis un moment, oui, le sentier existe mais il passe par des propriétés privées … bref, elle m’indique que, moyennant encore 1,5 km de bitume, je peux rejoindre l’ancien tracé un peu plus loin. Ces pérégrinations m’ont quand même fait perdre un peu de temps et, lorsque je franchis la ligne de crête pour aborder la descente sur l’autre versant, l’après-midi est déjà bien avancée, je n’ai pas encore fait mon plein d’eau quotidien, et toujours pas de source en vue ; autant le Mont-Lozère peut être qualifié de « château d’eau » à juste titre, autant sur le Bougès, il faut se lever de bonne heure – ou qu’il ait beaucoup plu récemment – pour trouver de l’eau. Il me reste de quoi tenir jusqu’au lendemain matin, à condition de ne pas gaspiller ; je décide en conséquence de bivouaquer au plus près de Cassagnas, pour pouvoir ravitailler au village en tout début de journée. Je trouve un coin sympa, suffisamment abrité du vent du nord … lequel décide de passer à l’ouest dans la soirée ! Les rafales se font presque bourrasques … et s’il allait pleuvoir ?

Du Col du Bez à Florac par le GR72 (3)

Jour 3 (si vous avez raté le jour précédent …)
On attaque le plus dur : du bivouac jusqu’au point culminant de la randonnée (1450 m), il y a près de 650 mètres de dénivelé positif, sur un sentier pas très facile – il est visiblement peu emprunté, et il me faut me frayer un passage entre des buissons de genêts souvent plus hauts que moi – et le sac fait pas loin d’une vingtaine de kilos … Mais le spectacle est au rendez-vous !

De là-haut, la vue panoramique s’étend vers l’Ardèche au nord-est, tout le Mont-Lozère à l’ouest, et les vallées cévenoles vers le sud.

Petite halte au site enchanteur du Mas de la Barque (il va absolument falloir que je vienne y faire de la raquette cet hiver !), accompagnée du remplissage quotidien des gourdes avant de reprendre la route vers l’est. Je découvre les beautés de la partie est du Mont-Lozère, sur cette piste que je n’avais empruntée que du Pont de Montvert jusqu’au Mas Camargues. Subjuguée par la beauté du hameau de Bellecoste, je mitraille …

avant d’aller installer mon hamac dans un bois un peu plus loin.

Mais le vent du nord souffle toujours bien, et les arbres environnants ne m’assurent pas une protection bien efficace ; la nuit est plutôt fraîche …

Du Col du Bez à Florac par le GR72 (2)

Jour 2 (si vous avez raté le jour précédent …)
Etape plus aisée que la veille : je commence à être bien en jambes, le soleil brille et réchauffe agréablement l’atmosphère toujours bien ventée, et le sens du dénivelé est « confortable » (ça descend plus que ça ne monte).


Je réalise avoir déjà arpenté une partie de ce sentier avec Joël et Edith, du RIF, lorsque nous étions en collective au gîte L’Etoile de La Bastide en mai 2002.



Arrivée à La Garde Guérin, que je me contente de photographier de loin (nous l’avions visité à l’époque, et le parking est envahi de camping-cars et autres véhicules de touristes), puis descente sur Villefort. Les quelques fontaines de la ville sont à sec, et il me faut pourtant faire le plein. C’est dimanche, et tous les bistrots paraissent fermés … sauf un où je me pose le temps de boire un verre et soulager mes pieds (il y avait quand même un bon bout de bitume pour arriver en ville) … et accepte avec gratitude la proposition du taulier de remplir mes outres. Il est temps de se remettre en route et de trouver un emplacement pour la nuit. Villefort, c’est tout en bas, et le Mont-Lozère, tout là-haut … ce que j’aurai grimpé ce soir sera ça de moins à faire demain ! Après 200 mètres de montée bien raide, je déniche mon petit coin, quelques mètres à l’écart du sentier, bien caché au milieu des pins. Mais la civilisation n’est pas loin, et le bruit des véhicules grimpant la côte sur la 906 vers Alès reste bien présent.

Du Col du Bez à Florac par le GR72 (1)

Jour 1
Le taxi me dépose au Col du Bez un peu avant 10 heures. Le brouillard règne … le temps de sortir la carte (plusieurs sentiers partent du col), d’allumer le GPS et de régler la longueur des bâtons, et je m’élance sur le sentier qui grimpe doucement vers les pâtures. Les kilomètres s’étirent … entre genêts et clôtures …



A la pause déjeuner, le vent du nord a réussi à déblayer un peu le ciel, et je profite de quelques moments ensoleillés, abritée du vent par hauts buissons de genêts. Dans l’après-midi, je redescends vers l’abbaye Notre-Dame des Neiges …



… où je trouve à remplir mes gourdes ; le sac est tout à coup beaucoup plus lourd (+ 6 kgs !), et mon pas se fait nettement moins rapide dans les montées, et moins assuré dans les descentes.Vers les 17 heures, arrivée à La Bastide (où je suis descendue du train le matin même) ; le soleil vient de s’installer pour de bon, et je le savoure un bon quart d’heure, attablée à la terrasse d’un bistrot, en regardant passer les randonneurs, nombreux dans ce coin de Lozère. Mais il est temps de se préoccuper du bivouac du soir. Je trouve finalement mon bonheur dans un petit bois, à l’orée d’un champ. Je ne suis qu’à une dizaine de mètres du chemin, mais quasi-invisible y compris pour les nombreux 4×4 de chasseurs qui regagent leurs domiciles avant la nuit.

Là, par contre, y en avait quasiment pas !

Cette fois-ci, nous ne cherchions plus des vautours, mais … des baies sauvages en parcourant un sentier botanique sur le Causse Noir. Moi qui espérais découvrir plein de choses comestibles nouvelles, j’en ai été pour mes frais ! Les deux seuls trucs que nous avons trouvé à goûter ont été :

  • les baies du cormier, qui sont hyper-acides, à moins de choisir des fruits très mûrs, pour ne pas dire quasiment blets ! et même comme ça, leur intérêt gustatif reste à prouver … pour moi en tout cas
  • celle de l’alisier, très farineuses et presque fades … mieux vaut les laisser aux oiseaux !

Heureusement, le temps était au grand beau, et j’en ai profité pour « mitrailler » : le paysage typique du causse (comparez avec les photos du Sauveterre, prises le mois dernier) …



… les rochers ruiniformes de Montpellier-le-Vieux (Nîmes-le-Vieux, sur le Causse Méjean, c’était l’autre jour) …


… les Gorges de la Dourbie. Les Gorges du Tarn, elles, commencent plus loin, à partir de Millau ; tout au fond, dans le « V » du milieu, on distingue d’ailleurs la silhouette élégante du viaduc (cliquez sur la photo pour mieux le voir).


Et d’ailleurs, je ne suis même pas restée sur ma faim, car j’avais promis à un couple d’amis de leur apporter un échantillon issu d’une recette sur laquelle je venais de mettre la main ; donc, faute de baies, nous avons dégusté … un brownie absolument fabuleux, dont je vous donnerais la recette – promis, juré, craché – d’ici peu.

Y en avait plein partout !

Mais il a fallu les mériter : lever à 5 heures, et une bonne heure et demi de route afin de rejoindre le petit hameau, à l’autre bout du Causse Méjean, où nous avions rendez-vous. Le temps n’était pas franchement de la partie (gris et brumeux, avec menace de pluie) et j’ai du « bidouiller » un peu les photos pour avoir un peu de contraste et un ciel pas trop blanc … mais le spectacle était au rendez-vous : les Gorges du Tarn, dans leur splendide majesté habituelle …


… quelques rochers particulièrement spectaculaires (cliquez sur la photo, vous la verrez en plus grand) avec la petite silhouette de notre guide qui s’est dévoué pour la photo …

… de nouveau les Gorges …

… et enfin, les vautours, plein de vautours dans les rochers et dans les arbres tout autour de nous. Sans doute en raison du manque de vent, ils étaient au repos, perchés un peu partout ; mais malheureusement juste un peu trop loin pour être vraiment visibles sur les photos. Quoique … sur la photo ci-dessous, quasiment en plein milieu, vous pouvez voir une petite forme allongée sur la corniche : c’en est un.


Et là-haut, tranquillement installé sur le piton qui se détache bien, c’en est un autre. Il y en avait également beaucoup perchés sur les arbres cramponnés le long des parois, quelquefois jusqu’à 3 sur un même arbre ! On les voyait très bien aux jumelles et même souvent à l’oeil nu, mais malheureusement ils sont quasi-invisibles sur les photos.


Un peu plus tard dans la matinée, le soleil s’est décidé à se montrer et, avec le réchauffement de l’air, nous en avons vu quelques-uns planer au-dessus de nos têtes. J’ai bien tenté un petit coup de caméscope, mais en contre-plongée, avec le zoom au maximum, et les branches d’arbres au-dessus qui contrariait la mise au point, je n’ai rien pu obtenir de « potable ». Un peu frustrée quand même, je me suis rattrapée sur quelque chose plus à ma portée : nous avons déjeuné à proximité de quelques ruines cernées de ronces et j’en ai profité pour faire une cueillette-miracle (presque 1,5 kg de mûres en à peine 1/2 heure ! je ne sais plus où stocker les pots de confiture …)

J’ai constaté de visu …

Comme le berger l’avait dit l’autre jour, j’ai pu vérifier que les brebis cherchaient l’ombre en milieu de journée. J’avais moi-même fait une longue pause déjeuner+sieste (le meilleur moment de la randonnée …) à mi-parcours lorsque, en arrivant au col Salidès sous un soleil bien vigoureux, j’ai entendu des sonnailles. J’ai avancé encore un moment, mais je ne voyais pas de troupeau … en fait, les brebis étaient planquées sous les arbres …

… certaines cherchant l’ombre jusque sous le poitrail de la voisine …

… il n’y avait que quelques morfales isolées pour se risquer hors de l’ombre portée des arbres …

Un peu plus loin, je découvre la bergerie avec ses 2 parcs à brebis et les sacs de migon entassés, prêts à être vendus aux maraîchers et autres utilisateurs de ce riche fumier de mouton. Remarquez que le sol du parc de gauche, balayé, est plus clair que celui de droite ; c’est ce dernier dans lequel les brebis ont du passer la nuit précédente, et le migon y sèche au soleil avant d’être récolté.

En quittant la zone centrale du Parc National, je tombe sur ce panneau, que je vous pourrez lire plus facilement en cliquant dessus.